Dossier Textiles toxiques : les grandes marques dans le collimateur de Greenpeace [1/2]


En 2012 Greenpeace a acheté plusieurs vêtements issus de vingt marques vendus dans 29 pays. L’ONG les a fait analyser et y a trouvé plusieurs substances toxiques susceptibles de provoquer des cancers et des désordres hormonaux. Cette enquête est consignée dans un rapport au nom évocateur : « Les dessous toxiques de la mode » publié le 20 novembre 2012 (en anglais : Toxic threads : the big fashion stitch-up).

Ces pantalons, tee-shirts, dessous et robes qui ont été fabriqués en Chine et dans d’autres pays en développement, ont montré qu’environ deux-tiers des 141 échantillons contenaient des éthoxylates de nonylphénol (NPE), des phtalates, des colorants azoïques ou de teintures contenant des amines cancérigènes. Les éthoxylates de nonylphénol (NPE) sont des produits chimiques fréquemment utilisés comme détergents dans de nombreux processus industriels et dans la production de textiles naturels et synthétiques. Déversés dans les égouts, un sous-produit très toxique se dégrade en nonylphénol (NP), un perturbateur endocrinien qui peut dérégler les fonctions hormonales et entraîner notamment des troubles de la fertilité. C&A, Mango, Clavin Klein, Zara (qui envers et contre une crise européenne annonce ouvrir plus de 100 nouvelles boutiques part le monde en 2013 !), Metersbonwe, Jack&Jones et Marks&Spencer sont celles dont les échantillons présentaient les plus fortes concentrations de NPE.

Dans un autre registre tout aussi inquiétant, pour 25 des 140 produits, il n’a pas été possible de remonter jusqu’au pays de fabrication à partir de l’étiquette.

Un leurre citoyen !

Pour atteindre son but et obtenir l’adhésion du grand public, Greenpeace a donc lancé un site Internet (clone de la boutique en ligne de Zara) où l’on peut compléter un formulaire pour interpeller l’enseigne. Le rapport de l’association démontre encore que la plupart des marques ne justifient pas le coût auquel elles vendent leurs vêtements : même si Zara ne figure pas parmi les plus chères, l’enseigne aurait largement les moyens d’accorder davantage de soin à sa chaîne d’approvisionnement. À force de délocalisations et de sous-traitance à l’étranger, beaucoup de marques ne contrôlent plus bien leurs productions, voire ne s’en soucient absolument pas. C’est ici que Greenpeace intervient pour responsabiliser ces marques, afin de les forcer à mettre en place un véritable contrôle de qualité tout au long du processus de production de leurs articles.

Sous la pression Inditex (Zara) s’est enfin engagé !

Greepeace a dénoncé l’activité de Zara contre son absence d’engagement concret vis-à-vis de ces substances nocives. Pour ses clients avant tout, puisque qu’avec sa position de numéro un mondial de l’habillement, Zara devrait montrer l’exemple et entraîner les autres marques dans son sillage en commercialisant des produits garantis sans substances dangereuses, a estimé l’association.

Sous la pression, Zara a répondu à ce rapport en indiquant, « vouloir » cesser tout rejet de substance chimique dangereuse d’ici 2020. Mais Greenpeace a jugé cette réponse « insuffisante » et a demandé à la marque de « prendre un engagement crédible et ambitieux pour cesser d’utiliser ces substances chimiques dangereuses« .

A plus court terme, Inditex (Zara) propose aussi un calendrier d’élimination des substances chimiques PFC les plus dangereuses et des colorants azoïques, soupçonnés de rendre stérile et d’être cancérigènes. Le groupe espagnol est leader de son marché: désormais les autres marques n’auront plus aucune excuse pour ne pas assainir leur chaine de production et proposer une mode sans toxiques. » Inditex s’est également engagé à exiger d’une vingtaine de fournisseurs puis d’une centaine d’autres qu’ils rendent publiques dès mars 2013, et ce jusqu’à fin 2013, les données relatives aux substances toxiques rejetées dans l’environnement afin que les habitants vivant à proximité des usines textiles aient accès à ces informations.

Detox des marques

Dans ce deuxième rapport, l’association demande aux marques qui ont été contrôlées positives aux substances chimiques (C&A, Mango et Levi’s), d’exclure l’ensemble des produits chimiques dangereux susceptibles d’entrer dans leurs chaînes de production d’ici à 2020 et de prendre des mesures plus rapides pour ceux qui pourraient être remplacés par des substances moins dangereuses. Les chaînes devront également montrer patte blanche sur les lieux où leurs vêtements sont fabriqués et sur les produits chimiques utilisés.

Les gens doivent pouvoir s’habiller sans être les des complices involontaires de cette contamination » prône Jérôme Frignet de Greepeace. Sept autres grandes marques (Puma, Nike, Adidas, H&M, C&A et Li-Ning) se sont déjà engagées à ne plus utiliser de substances chimiques dangereuses, sous la pression de l’ONG qui a déjà utilisé ce type de campagne en 2011 et qui l’a réitéré en 2012 obligeant les fabricants à se tourner vers une conception plus écologiste. Ces actions sont d’une importance capitale pour les consommateurs et Greenpeace mène ce laborieux combat pour que le mot « Fashion Victim » ne devienne pas une tragique réalité sur le plan sanitaire.

Des marques françaises comme la marque de chemise Ederton, ont décidé d’être plus respectueuse de l’environnement en ne proposant plus aucune espèce d’éléments toxiques dans leurs produits. Les procédés existent. Les alternatives existent. Qu’attendent les autres marques?

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